Morgan GRAY
CPM : Bonjour Morgan, merci de te prêter à ce petit jeu des questions et des réponses, et de contribuer à la suite de cette rubrique.
Qui es-tu ?
Une question succincte appelle une réponse succincte : je suis un simple photographe amateur-averti. Question suivante ? Non, ce n’est pas suffisant ? ah bon…, on va faire un effort alors. Comment se définir sans être trop réducteur, forcément. Peut être en donnant simplement quelques étapes de mon parcours dans la photo. Le premier appareil que j’ai eu dans les mains vers 12 ans était un petit Agfamatic en plastique pour garder quelques souvenirs de mes vacances. Puis vers 17 ans, j’ai un peu plus découvert la pratique de la photo et surtout du développement N&B par l’intermédiaire d’un stage en Astronomie (les caméras CCD n’existaient encore pas vraiment et on utilisait toujours des films argentiques qu’on hyper-sensibilisait nous-même dans des cocotes minutes !). Mais j’ai très rapidement réalisé que le labo, ce n’était pas pour moi et que je préférais largement la prise de vue en extérieur et surtout en plein jour. Je me suis donc acheté par la suite un petit boîtier argentique semi-automatique (l’OM 10 …) et profitant d’une autre envie, les voyages, j’ai commencé à avoir une pratique plus régulière en faisant d’abord des photos de paysages puis des scènes de rue au hasard, en surmontant la difficulté de s’approcher des gens tout en restant le moins intrusif possible. Par l’intermédiaire de clubs pour échanger, de revues, de livres et d’expos pour découvrir d’autres styles et d’autres univers, j’ai compris que ce qui m’intéressait vraiment le plus était le reportage humain et le photojournalisme. Pour l’anecdote, à mes débuts, la première fois qu’on m’a montré un petit livre d’Henri Cartier-Bresson, je me souviens m’être dit que je ne lui trouvais vraiment rien d’exceptionnel à ce photographe ! J’ai rapidement compris que ses photos étaient en fait fabuleuses et que j’adorais ce style (même si maintenant, je le trouve… trop ‘parfait’). Comme quoi, le regard, ça s’éduque et il faut aussi s’ouvrir à d’autres approches pour développer et enrichir sa propre vision.
Que fais-tu ?
La photographie est devenue rapidement la seule approche et pratique ‘artistique’ pour moi, mais ça a été très irrégulier suivant les périodes. Après mes débuts, pour apprendre et progresser, j’ai été dans différents clubs (sur Paris) et tenté différents petits concours avec plus ou moins de réussite. J’ai eu aussi la possibilité de participer à quelques expositions collectives ou individuelles puis d’autres projets, comme partir en Iran en tant que photographe de plateau pour témoigner de la réalisation d’une pièce de théâtre jouée par une troupe franco-iranienne semi-professionnelle. Mais certaines attentes et certains choix de la vie ont fait que par la suite, pendant environ 8 ans, j’ai arrêté de participer à des réunions de clubs, tout en continuant de mon côté et de temps à autre, sans aucune démarche particulière, ma pratique de la photographie de paysage et surtout de la photo de rue pendant mes voyages à l ‘étranger. Ce qui me plaît dans la photo de rue, c’est le côté instantané, rapide où le défi est de capter une scène avec une présence humaine, mais qui peut ‘raconter’ quelque chose, tout en laissant aussi une part d’interprétation à celui qui regardera la photo par la suite. Ce qui m’intéresse comme matière première, c’est la vie qui se déroule autour de soi et le fait d’extraire de manière subjective ce qui me semble le plus significatif à un moment donné et visuellement intéressant, sans aucune mise en scène. Même si ma pratique est essentiellement la photo de rue, j’essaie aussi de regarder d’autres approches totalement différentes pour m’ouvrir à d’autres visions qui pourraient me faire évoluer. L’année dernière, vraiment par hasard, j’ai découvert le Café Photo Marseille et sa formule m’a donné à nouveau l’envie de participer à la vie associative : j’apprécie une certaine liberté (sans le côté normatif voire dogmatique qui peut exister dans certains clubs), et aussi la possibilité de participer à certains projets ou expositions.
Où vas-tu ?
J’aimerais plus creuser le style ‘street photography’ dans le cadre d’un projet particulier. Je trouve que l’arrivée du numérique avec toutes les possibilités nouvelles (et ludiques) que ça offre à n’importe qui, avait un peu mis de côté cette pratique: c’est une évolution normale à laquelle s’ajoute le fait d’avoir obligatoirement une ‘démarche’ photographique. Mais il me semble utile que la photo de rue puisse continuer à ajouter sa part de témoignage. Sinon, j’aimerais terminer par une citation qui, je crois, est d’HCB (désolé encore lui… mais c’est un de mes maîtres spirituels). Elle est beaucoup moins connue et ‘poétique’ que ses autres définitions célèbres de la photographie. Mais cette phrase, dont chaque terme a son importance, définit une approche et une pratique que je partage :« La photographie est pour moi l’aboutissement d’un art plastique, fondé sur le plaisir de l’observation, la recherche de l’équilibre des lignes et des formes, dans une lutte constante avec le temps ».
Chaque mois, Sergio vous fait découvrir un des adhérents de l’association sous forme d’interview pour sa rubrique 125ème de secondes. Si vous souhaitez vous aussi parler de votre travail, contactez-le : cafephotomarseille@gmail.com
Photos de Morgan Gray tous droits réservés.